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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 17:53
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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 16:40
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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 10:14

 

Michael Kläsgen | Süddeutsche Zeitung

D’après un sondage [publié le 7 mars par Le Parisien], si la présidentielle avait lieu aujourd’hui en France, Marine Le Pen, la candidate de l’extrême droite, virerait en tête au premier tour. L’information n’est pas sans valeur, mais il ne faut pas non plus la surestimer. En effet, le sondage partait du principe que Martine Aubry représenterait les socialistes. Or, ces derniers n’ont pas encore désigné leur candidat. Et, à en croire d’autres enquêtes, c’est Dominique Strauss-Kahn qui actuellement se détache et a la faveur des électeurs. Par conséquent, s’il se présentait, le scénario serait tout autre. Du reste, dans les circonstances actuelles, il lui serait plus difficile de remporter les primaires socialistes que de s’imposer à la présidentielle.

Le dernier sondage en date ne fait cependant que confirmer ce que l’on sait depuis longtemps : le président Sarkozy n’est pas aimé et le Front national attire de nombreux votes de protestation. Il est encore trop tôt pour répondre à la question riche en suspense qu’implique la brutale progression de Marine Le Pen : Sarkozy chercherait-il en fin de compte à renforcer délibérément la chef de file du Front National en manipulant les thèmes qui sont chers à cette dernière, parce qu’il espère l’affronter au deuxième tour, sachant qu’il n’aurait aucune chance contre Strauss-Kahn ? On ne dispose que de quelques indices en ce sens, et non de preuves. Ce serait un pacte avec le diable, moralement condamnable, mais qui serait infaillible : comme en 2002, au deuxième tour, même la gauche voterait pour le candidat de droite, dans le seul but de faire obstacle à l’extrême droite.

D’un côté, il est rassurant de savoir que Marine Le Pen n’a aucune chance, quand bien même elle serait, dans un an, la politicienne favorite des Français. Mais de l’autre, cette situation soulève des questions quant à l’équité du suffrage universel à deux tours. S’il est garant de stabilité, c’est au prix de la représentativité. Des questions qui, au fond, n’intéressent personne en dehors de Marine Le Pen.

Sources : http://www.courrierinternational.com/article/2011/03/07/pourquoi-marine-le-pen-n-entrera-jamais-a-l-elysee

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 14:56

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 19:15

François Kalfon, spécialiste des sondages du PS et proche de M. Strauss-Kahn, estime que le directeur général du FMI est le mieux armé face à la montée de Marine Le Pen, notamment.

Il va publier le 29 mai "L'équation gagnante : la gauche peut-elle enfin remporter l'élection présidentielle ?", avec Laurent Baumel.

The price you pay : Le score du FN ne mesure-t-il pas tant la crédibilité ou l'à-propos du discours de Marine Le Pen que le total discrédit du reste de la classe politique ?

François Kalfon : D'abord, sur les raisons qui sous-tendent la montée du Front national, il est clair que l'on constate depuis six mois maintenant une montée des angoisses sociales dans le pays, qui correspondent à l'irruption d'une crise sociale après la crise économique. Celle-ci se traduit par une plus faible empathie de nos concitoyens, notamment vis-à-vis des exclus et des étrangers.

Marine Le Pen, en ayant recyclé une grande partie du discours altermondialiste, du discours protectionniste qui stigmatise la mondialisation, s'adresse à ces classes moyennes en décrochage qui sont rattrapées par la crise et affirment par leur proximité avec le FN leur angoisse et envoient à leur manière, contestable, un signal d'alarme à l'ensemble de la classe politique.

Romain : Les sondages plaçant Mme Le Pen en tête montrent un rapport de forces favorable à tout le spectre de la droite, alors que les dernières consultations électorales ont montré un rapport de force favorable à la gauche. Comment l'expliquer ?

François Kalfon : D'abord, si optiquement l'extrême droite fait partie de la droite – et elle est comptée dans le "total droite" –, la vérité est que son électorat est bien plus composite. Ainsi, ce n'est pas tant l'axe droite-gauche qui est pertinent, mais plutôt, par exemple, la place de l'électorat populaire, parfois aussi issu de la gauche, dans l'électorat du Front national. Particulièrement au cours des derniers six mois, au cours desquels, je vous le rappelle, la poussée du FN s'évalue à 10 points, en passant de 12 à 22 %.

Ensuite, la droite classique, elle, dévisse : jusqu'à l'été, Nicolas Sarkozy était compté à un niveau de 28 à 30 % d'intentions de vote au premier tour, il est plutôt aujourd'hui autour des 20 %. Donc on ne peut pas à proprement parler dire qu'il y a une augmentation du total droites dans ces conditions.

Je vous rappelle, par ailleurs, que dans toutes les enquêtes, Nicolas Sarkozy reste battu à des niveaux incroyables dans les projections de deuxième tour présidentiel, dans un rapport de force 60/40 %, au profit de DSK.

Ange : D'où viennent selon vous les électeurs du Front national ?

François Kalfon : L'électorat du Front national vient pour son socle d'une sociologie de droite dure. Cela fait vingt ans que ce socle est compris entre 8 et 15 %. Mais pour remonter plus loin dans l'histoire, tout le monde se souvient de l'affaire Dreyfus, des ligues des années 1930, et plus récemment, du mouvement poujadiste, sans parler du phénomène de la collaboration. Il y a donc, bien sûr, historiquement, une extrême droite en France.

Le phénomène plus récent, qui intervient notamment avec l'arrivée de Marine Le Pen, est cette volonté plus clairement affichée de capter cet électorat populaire issu de la gauche, en recyclant, par exemple, la thématique de la laïcité. Ceci est tout à fait nouveau pour l'extrême droite. Et il faut y ajouter l'utilisation, bien sûr, d'un discours clairement antilibéral.

Quand Marine Le Pen a été élue au conseil régional Nord–Pas-de-Calais, dans son discours d'investiture face à la majorité socialo-communiste, elle a indiqué, non sans provocation : "Je suis ici la seule représentante de la classe ouvrière."

Alex : Le PS ne confirme-t-il pas qu'il n'a plus aucune intentions de vote dans les milieux populaires ? Ces derniers ne se tournent-ils pas vers Marine Le Pen ?

François Kalfon : Je viens de répondre à l'instant sur la porosité d'une partie de l'électorat populaire qui, je vous le rappelle, avait déjà été tenté par Nicolas Sarkozy en 2007, séduit par le slogan du "travailler plus pour gagner plus". Cela étant dit, si vous prenez les dernières élections, c'est-à-dire les élections régionales, la gauche, et le PS en particulier, sont de nouveau majoritaires chez les ouvriers.

Ce qui frappe surtout, c'est désormais la formidable mobilité des électorats, de plus en plus stratèges, qui, en fonction de leurs réactions, de leurs perceptions, ou du message qu'ils souhaitent adresser à la classe politique, opèrent des choix électoraux comme des avertissements.

Plus récemment encore, on observe même des messages adressés aux dirigeants politiques à travers les intentions de vote déclarées dans les sondages. Il est évident que déclarer de façon décomplexée, à quatorze mois d'une présidentielle, qu'on a l'intention de voter pour le Front national a une dimension revendicative qui ne se réduit pas à l'intention de vote elle-même, mais qui est une manière de se saisir des outils d'aujourd'hui pour peser sur les choix des grands partis politiques. A nous de l'entendre, y compris à gauche.

Julien : Pourquoi l'électorat populaire se détourne-t-il du PS ? Le directeur du FMI est-il le meilleur candidat pour faire face à la montée du FN ? Que propose le PS pour récupérer les électeurs partis au FN ?

François Kalfon : D'abord, il faut que le PS entende des messages simples et qu'il ne se contente pas de présenter un programme "catalogue" totalement inaudible de ceux qui sont en attente de nos propositions.

Le PS doit d'abord clairement faire le choix de la société du travail. En 2007, Nicolas Sarkozy avait, dans une forme de provocation, repris à son compte le terme de "travailleur", alors que la gauche socialiste semblait s'en détourner. Il avait lancé ce slogan du "travailler plus pour gagner plus", qui s'adressait particulièrement aux salariés modestes, qui subissaient les effets de la modération salariale. Or il a fait tout le contraire. Il a récupéré le vote des travailleurs, et en réalité, il a fait une politique pour les rentiers.

En 2012, le Parti socialiste doit clairement s'adresser aux salariés, en particulier aux plus modestes, dont toutes les études nous montrent qu'ils décrochent, qu'ils sont angoissés pour leur avenir, qu'ils ont peur du chômage de masse. Cela passe par une politique de redistribution massive – par la fiscalité – et par une politique de solidarité nationale, qui s'adresse autant aux salariés en emploi qu'à ceux qui en sont exclus. Car disons-le sans tabou : ces fameux salariés modestes qui peuvent être tentés par l'extrême droite nous disent en permanence qu'ils pensent que les socialistes en font plus pour les exclus que pour eux-mêmes.

Il faut entendre ce message en revalorisant le travail. Cela passe bien sûr aussi par une meilleure répartition de la valeur ajoutée au sein des entreprises. Moins pour les dirigeants, moins pour les actionnaires, et plus pour les salariés.

Et concernant DSK ?

François Kalfon : Dominique Strauss-Kahn est, je crois, très adapté aux demandes actuelles vis-à-vis de la gauche, en ce sens qu'il articule la fidélité à son camp avec les compétences et la reconnaissance de la réalité telle qu'elle est. Car les Français ne sont pas stupides, ils n'attendent pas qu'on leur promette ce qu'on ne saura pas tenir, ils attendent au contraire qu'on prenne le monde tel qu'il est pour pouvoir proposer des réformes effectives qui changent concrètement leurs conditions d'existence.

Typiquement, une réforme fiscale d'ampleur qui supprimerait le bouclier fiscal et qui permettrait une redistribution massive de pouvoir d'achat à ces fameux salariés modestes offrirait rapidement une solution sonnante et trébuchante. Bien plus qu'un slogan consistant, par exemple, à interdire les licenciements, dont tout le monde sait bien que cela est peut-être souhaitable, mais que ce n'est pas possible.

Alex : Ségolène Royal semble faire un score un peu moins mauvais dans les classes populaires que DSK ou Aubry... Qu'en tirez-vous comme conclusion ?

François Kalfon : Vous avez là une lecture extrêmement experte des études que je n'ai pas. Je constate simplement qu'il y a parmi les socialistes des talents qui nous mettent à l'abri d'un risque d'un nouveau 21-avril. D'autres, au contraire, ne rencontrent pas suffisamment l'électorat pour nous donner la garantie de nous qualifier au second tour.

Pour ma part, je m'en tiens là, et je préfère dire que le PS compte de nombreux talents. Dès lors qu'ils savent mettre leurs qualités au service de l'intérêt général plutôt qu'au service de la promotion de leur propre ego, ce qui est malheureusement un sport national dans ma formation politique.

Chacun doit réfléchir à sa meilleure place dans le dispositif gagnant. Nous n'avons pas besoin d'un parti où nous aurions autant de candidats que d'adhérents.

JJ : Comment jugez-vous l'ordre d'arrivée des candidats à la primaire PS dans le sondage IFOP 1er tour publié jeudi ? DSK 29 %, Aubry, Hollande 24-23 %, Royal 19 %. Et celui du sondage Harris interactive précédent ?

François Kalfon : Commençons par le sondage Harris Interactive. Il y a des questions qui se posent sur le plan méthodologique par rapport à cette étude. Le fait que Marine Le Pen arrive en tête face à l'ensemble des candidats issus des grands partis politiques me semble relever plus du coup médiatique aux implications sociales fâcheuses multiples, malheureusement, que de la rigueur d'une enquête d'opinion telle qu'elle aurait dû le rester. En ce qui concerne l'enquête IFOP parue dans France Soir jeudi dernier, elle est disponible en ligne, comme les précédentes.

Vous me parlez de l'ordre d'arrivée des différents candidats socialistes et il est pratiquement inchangé depuis maintenant un an. Mais ce qui a changé, c'est la proximité du score d'une majorité des candidats socialistes avec celui de Marine Le Pen : entre 1 et 2 points seulement, ce qui, de l'aveu du sondeur, Frédéric Dabi, de l'IFOP, constitue la marge d'erreur.

Une exception notable toutefois : le score réalisé par DSK qui mettrait la gauche à l'abri d'un risque de nouveau 21-avril, avec 8 points d'avance sur Marine Le Pen et 5 sur Nicolas Sarkozy. Pourquoi cela ? Cela tient à l'"assise" large qui permet à Dominique Strauss-Kahn de mobiliser tout l'électorat de gauche potentiel et d'aller chercher dès le premier tour un électorat du centre, et même de la droite.

Wakami : Pourtant, DSK n'apparaît pas plus populaire que d'autres candidats du PS chez les classes populaires : pourquoi ce paradoxe qu'il semble mieux placé que les autres candidats de la primaire ?

François Kalfon : C'est une très bonne question. En effet, spontanément, quand on demande aux électeurs de la gauche traditionnelle ou aux classes populaires quelle est la personnalité qu'ils préfèrent, DSK n'est pas toujours premier. Et pourtant, dès qu'on parle d'intentions de vote, il reprend sa position de leader, y compris dans ces catégories.

Naturellement, ce décalage m'a interpellé. Nous avons donc fait des études, notamment qualitatives, c'est-à-dire que nous avons interrogé directement ces électeurs sur ce paradoxe. Ils nous disent tout simplement : "Bien sûr, DSK n'est pas ma 'tasse de thé'." Certains préfèrent tel ou tel leader de l'extrême gauche ou tel ou tel dirigeant du PS ayant un profil plus traditionnel, comme par exemple Martine Aubry. "Mais nous, ce que nous voulons dans cette présidentielle, c'est gagner", disent-ils aussi. Certains disent : "On veut 'sortir le nain', on ne veut pas d'une quatrième défaite qui serait fatale à la gauche." En quelque sorte, ils se servent du vote DSK pour garantir cette victoire qu'ils appellent de leurs vœux.

Et puis cela cache autre chose : tout Français a un cerveau gauche, émotif, et un cerveau droit, gestionnaire. On l'a vu pendant l'affaire des retraites. Jamais le pays n'avait à ce point soutenu un mouvement de contestation : 5 points de plus que pendant le mouvement de 1995. Et pourtant, tout au long du mouvement, la nécessité d'une réforme pour sauver la retraite par répartition a toujours recueilli plus de 80 % d'adhésions.

La sortie de DSK sur le fait que l'âge légal n'était pas un tabou s'est traduite, dans la foulée, pour lui, par davantage de soutien dans l'opinion, et notamment chez les électeurs de gauche. Car au fond, si personne ne souhaite travailler plus longtemps, la plupart des gens en voient la nécessité. Ils demandent juste que cela se fasse dans la justice sociale. Et ce qu'ils apprécient particulièrement chez DSK, c'est qu'il ne leur raconte pas d'histoires. Des socialistes qui promettraient la lune sont soupçonnés de ne pas tenir ces promesses s'ils étaient de nouveau en responsabilité.

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 19:07

Julien : Ségolène Royal en 2007 mettait le PS en position de vainqueur, avec des sondages nettement au-dessus de ceux de Sarkozy avant la primaire. Au final, ce fut un résultat terrible. Ça ne vous embête pas de soutenir DSK avec les arguments qui ont fait de Mme Royal la candidate en 2007 ?

François Kalfon : Je pense qu'il faut tenir compte des mouvements d'opinion, et je vais d'abord répondre sur ce premier point. Les niveaux d'adhésion et de popularité qui sont ceux de DSK n'ont rien à voir avec ceux qu'on avait constatés en 2007. Ségolène Royal était juste en ballottage favorable par rapport à Nicolas Sarkozy dans les enquêtes : elle le battait à des niveaux de 52/48 %.

Nous sommes dans un rapport différent aujourd'hui. DSK réalise potentiellement un score de 28 à 30 % au premier tour, et de 60 % au second. Deuxième élément : cette tendance ne se mesure pas simplement sur trois mois, mais elle est confirmée par toutes les enquêtes depuis maintenant un an. Il s'agit donc bien d'un phénomène durable.

Mais là où vous avez raison, c'est que s'il n'avait que des qualités au regard des sondages, ou si c'était le seul argument pour le choisir, ce serait nettement insuffisant. Ce serait même, de mon point de vue, assez illégitime. Mais DSK, c'est d'abord un homme politique expérimenté, qui était maire de la ville la plus pauvre de France, qui a été parlementaire à de nombreuses reprises, qui a été un ministre de l'économie et des finances reconnu et qui, par sa dernière fonction, n'est pas sans compétences dans les problèmes de l'économie mondiale, ce qui, au passage, peut nous servir dans la crise que nous connaissons.

J'ajoute tout de même, face au procès en "libéralisme" qui est fait à DSK, qu'au cœur de la crise c'est le FMI qui a été le premier à prôner des politiques massives de relance, alors que les Etats étaient encore frileux. C'est encore le même DSK au FMI qui a prôné la création d'un fonds mondial pour la conversion écologique de nos économies et qui s'est prononcé encore récemment pour une taxe sur les transactions financières que ne renieraient pas les altermondialistes d'Attac.

Tutu : Si DSK est si fort, pourquoi a-t-il perdu la primaire en 2006 ?

François Kalfon : C'est une très bonne question. Je crois vraiment que Dominique a changé. Il s'est densifié. Qui n'aurait pas gagné en maturité et en expérience face à la plus grave crise que le monde ait connue depuis la crise de 1929 ?

Dominique Strauss-Kahn est désormais un socialiste très imprégné des expériences gouvernementales partout dans le monde, et de la gauche en particulier. Je le sais, par exemple, tout à fait impressionné par l'expérience de Lula au Brésil, l'ancien syndicaliste, qui a réduit massivement la pauvreté tout en inscrivant son pays dans la mondialisation avec le succès que l'on connaît.

Danny : Pourriez-vous nous dire combien d'argent le PS consacre à des commandes de sondage chaque année ?

François Kalfon : Le PS consacre, à la louche, au moins cent fois moins de moyens aux études d'opinion que ne le fait la droite au pouvoir. Par ailleurs, je ne dispose pas à cette date d'un budget consolidé, mais ce que je peux vous préciser, c'est que nous réalisons essentiellement deux types d'études : des études électorales au niveau local. Nous en avons fait aux élections régionales, notamment en Languedoc-Roussillon. Nous en faisons sur un certain nombre de cantons clés dans cette élection.

Par ailleurs, pour creuser tel ou tel point, nous rassemblons des groupes qualitatifs qui permettent de mieux comprendre des évolutions de tel ou tel groupe social : les seniors, les jeunes des quartiers populaires, les électeurs de gauche... Ceux-ci nous permettent de vérifier si telle ou telle de nos propositions est comprise ou bien reçue par ces groupes sociaux ou ces électorats cibles.

Pour bien s'entendre sur les ordres de grandeur, une étude électorale est comprise entre 7 000 et 12 000 euros, et un groupe qualitatif est facturé par les instituts entre 4 000 et 6 000 euros. Je vous rassure, notre recours à ce genre d'étude se compte en dizaines plutôt qu'en centaines par an.

Sur l'opinion et les sondages, l'essentiel du matériau dont nous disposons c'est le matériel publié par la presse qui, dès lors qu'on se donne la peine de l'analyser, est extrêmement riche. En effet, c'est mon travail d'éclairer les dirigeants sur tel ou tel aspect de l'opinion. Par exemple, sur les raisons qui sous-tendent la montée du FN, j'avais moi-même alerté la direction dès le début de l'année 2011, sur la base d'une enquête barométrique publiée régulièrement par Le Monde et réalisée par TNS-Sofres sur les valeurs du Front national.

Mermoz : Selon quels critères choisissez-vous les instituts à qui vous commandez des sondages ?

François Kalfon : Sur le critère du prix, sur le critère de la compétence, et sur le critère de l'impartialité. Il est évident, et je l'assume, que nous ne travaillons pas, par exemple, avec l'institut OpinionWay, qui a été au cœur de l'affaire en cours d'instruction des sondages de l'Elysée.

Wakami : Comment le PS compte-t-il capter les suffrages potentiels de Jean-Luc Mélenchon ?

François Kalfon : Vous savez, d'abord, Jean-Luc Mélenchon, en faisant le choix de taper plus sur la gauche que sur la droite, et de laisser entendre ainsi aux électeurs que la victoire de la gauche n'est pas son problème principal, contient en lui-même ses propres limites.

Il est temps que Jean-Luc se ressaisisse. Je le comprends, c'est humain. Après avoir été pendant plus de trente ans au Parti socialiste, avoir subi un amour déçu, il est aujourd'hui dans le ressentiment. Alors qu'il a vocation, avec nous, avec sa sensibilité, à construire l'alternance.

Ça, les électeurs le voient, le ressentent. Je vous ai dit tout à l'heure à quel point, pour notre électorat, la victoire de la gauche est ressentie comme une urgence. Quand Jean-Luc Mélenchon donne le sentiment de lutter davantage contre son camp que contre la droite, une partie des électeurs le quittent.

Dans la dernière enquête IFOP, par exemple, c'est - 3 points pour Mélenchon, alors que s'il choisissait, au contraire, d'apporter dans le débat public ses solutions face au décrochage des catégories populaires, je suis convaincu que toutes les voix de la gauche s'additionneraient.

Nous ne sommes donc pas, au PS, dans une course à l'échalote pour récupérer les voix de l'extrême gauche, nous devons au contraire afficher calmement et de façon lisible quelle est notre cohérence : authentiquement de gauche et totalement en capacité d'apporter demain au gouvernement des transformations réelles, des améliorations concrètes dans la vie des Français, et au premier chef, ceux qui subissent de plein fouet les effets de la crise.

Jacques : Selon vous, faut-il donc faire campagne en direction du centre ou de sa gauche, pour le candidat PS ?

François Kalfon : Typiquement, une utilisation imprudente des sondages, comme le fait Sarkozy, nous conduirait à avoir un discours spécialisé en fonction de chaque électorat, quitte à perdre toute cohérence.

Je crois au contraire qu'il faut tenir un discours qui fédère les différentes catégories de Français. Car le sujet de l'élection présidentielle est de rassembler notre pays dans une vision commune et partagée. Quelle est-elle ? Faire vivre le pacte républicain contre la montée du communautarisme, d'une part, de l'individualisme, qui est un poison, et de l'atomisation sociale. Corriger fortement les inégalités, qui gangrènent notre société, en faisant par exemple du pari éducatif un outil puissant de rattrapage social. Cela suppose de changer de paradigme et de sortir d'une école qui promet l'égalité mais qui en réalité reproduit violemment les inégalités.

Voilà quelques-uns des axes qui rassemblent aussi bien le cadre que l'ouvrier, l'habitant des terroirs ruraux que le citoyen qui vit dans un quartier populaire de banlieue.

D@n : La dernière présidentielle avait réussi à mobiliser l'électorat populaire, disputé entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Au-delà du discours économique "raisonnable", comment le candidat PS doit-il contrer la droite dure sur ce terrain des "valeurs identitaires" ?

François Kalfon : C'est une très bonne question. J'ai beaucoup répondu sur la dimension économique et sociale : moins de promesses de lendemains qui chantent, plus de preuves de changements concrets.

Mais cela ne suffit pas. Une élection présidentielle, c'est aussi un récit national. On le voit bien, la France décroche, et cela angoisse beaucoup nos concitoyens. Le modèle d'exception culturelle a vécu.

Il faut donc inventer une nouvelle place pour la France dans la mondialisation. Alors bien sûr, la France ne peut plus avoir raison contre tout le monde. Mais quand je vois les révolutions arabes, qui doivent désormais faire émerger un modèle démocratique, je me dis que la laïcité, l'esprit des Lumières, s'il n'est pas présenté avec arrogance, constitue sans doute encore un modèle pour tous ces peuples qui inventent sous nos yeux la démocratie.

Autre sujet : l'Europe, qui est en panne. Pas besoin de raconter des balivernes. On ne s'en sortira pas en se repliant sur le seul modèle national, et la sortie de l'euro est une chimère. En revanche, être moteur en Europe pour faire vraiment le gouvernement économique que nous n'avons pas fait par le passé, pour construire ces grands projets d'infrastructure, moteurs de la croissance de demain, pour peser demain dans la régulation financière mondiale dont il faut dire à cette date qu'elle est totalement en panne, là, la France a quelque chose à apporter, là, nous retrouvons un rôle phare. Celui d'une République qui rassemble, mais qui rassemble d'autant plus qu'elle n'oublie pas que sa dimension démocratique n'est jamais aussi grande que quand elle prend pleinement la dimension sociale.

Ox : Le haut niveau de Marine Le Pen dans les sondages doit-il faire songer à annuler ou aménager les primaires ?

François Kalfon : C'est une question qui est posée dans le débat public. Sur ce point, je le précise nettement, rappelons-le, la primaire est le système démocratique de désignation sans doute le plus abouti qui existe dans notre vie politique.

Ce n'est donc pas le système des primaires qui est en cause, mais ce qu'il produit sur ceux qui décident d'être candidats. Au début – et c'est normal –, on se distingue pour progresser ; et puis après, la distinction devient division, on voit apparaître les premiers coups de griffe. Alors les Français nous disent : "Arrêtez de ne vous adresser qu'à vous-mêmes, occupez-vous de nos problèmes." "Avec les socialistes, c'est toujours la même chose : c'est la guerre des ego."

On pourrait dire que c'est un mal nécessaire, mais j'attire l'attention de mes camarades sur le fait que ce qui est possible quand l'extrême droite est comptée à 12 % le devient beaucoup moins quand elle est comptée à 22 ou 23 %. Chacun doit alors se poser sérieusement la question de son comportement dans les mois qui viennent. Et placer au cœur de sa démarche l'intérêt général.

Qu'on se comprenne bien : ce n'est pas qu'un discours des "strauss-kahniens". Non, je crois qu'il y a réellement urgence. Il faut que chacun se ressaisisse. Et cela veut dire quoi ? Si je me porte candidat à la primaire, je ne dois pas simplement me poser la question de savoir comment j'y figurerai, mais si je peux vraiment y être élu, et si je donne la capacité à mon camp à se qualifier au second tour et à gagner cette élection.

Si chacun procède ainsi, alors la primaire sera un booster pour notre camp. Si, au contraire, les égoïsmes l'emportent, alors, comme en 2006 mais avec une ampleur accrue du fait de l'élargissement du corps électoral, cela risquerait de devenir le pire des systèmes. Chacun doit donc prendre ses responsabilités.

Pour être concret, la première étape consisterait sans doute à réunir les principaux responsables socialistes, particulièrement les candidats putatifs, pour voir ensemble quelles adaptations on peut apporter au système. Je ne parle pas forcément du nombre de bureaux de vote, mais des règles de campagne, de communication, et je sais, c'est un peu naïf, de rappeler de nouveau les règles de bonne conduite entre nous. Car les oublier, c'est perdre collectivement.

Chat modéré par Alexandre Piquard
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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 18:44
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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 15:37

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 17:44

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 20:46

Près de 200.000 personnes auraient fui la Libye en quelques jours, en direction de la Tunisie, de l'Égypte, de l'Algérie et du Niger. Le passage principal se fait à Ras Jedir, à la frontière tunisienne, où des camps ont été dressés pour accueillir les réfugiés en attente d'évacuation dans leur pays d'origine. Tentes, repas, soins: la logistique humanitaire s'est mise en place(lire ici notre reportage)

 

Mediapart a demandé à l'anthropologue Michel Agier, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et membre de l'Institut de recherche pour le développement (UMR 194), d'analyser la situation à la lumière des enquêtes de terrain qu'il mène depuis dix ans sur les réfugiés dans le monde.Michel Agier est l'auteur de Gérer les indésirables, des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire (Flammarion, 2008) et du Couloir des exilés, être étranger dans un monde commun(Éditions du croquant, 2011).

 

Comment s'organise l'aide humanitaire sur place, notamment à Ras Jedir où sont rassemblés de dizaines de milliers d'exilés et plusieurs structures internationales?

Les autorités tunisiennes ont tout de suite pris les devants, en ouvrant leur frontière et en se montrant accueillantes, pas seulement à l'égard de leurs ressortissants, mais aussi envers les Égyptiens et les quelques Subsahariens qui ont réussi à passer. Le Croissant-Rouge tunisien s'est rapidement investi. D'après les témoignages, les responsables locaux ont aussi pu s'appuyer sur une forte solidarité locale, qui a permis la mobilisation des communes aux alentours, des comités de la révolution créés à l'occasion de la chute du régime de Ben Ali, et plus généralement, de la population. Par exemple, des gymnases ont été mis à disposition, de même que des complexes hôteliers. Les frontières ont, certes, été bloquées à certains moments, en raison de l'afflux des réfugiés, mais globalement, les autorités ont apporté la preuve de leur hospitalité. Je suis admiratif de la manière dont les choses se déroulent, on voit bien qu’il y a une solidarité de la société civile et des autorités politiques et administratives, un moment politique qui lie la démocratie dans le pays et la solidarité envers les autres. Donc, si l’on essaie de suivre au plus près comment le dispositif se met en place, on voit bien qu’il y a saturation ces jours-ci mais le dispositif est saturé en tant qu’il est local, et cela rend nécessaire cet appel à l’aide internationale, et notamment au Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR) et à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Pour l’instant, c’est un changement d’échelle. Quand les États occidentaux interviennent pour organiser des ponts aériens et maritimes, c’est à la demande des autorités locales, ils sont en face d’un interlocuteur politique et pas en face d’une pure victime sur un théâtre humanitaire.

Peut-on parler de crise humanitaire?

La situation se transforme rapidement. Mais, pour l’instant, par rapport à d’autres contextes d’intervention humanitaire dans le monde, disons depuis la fin de la guerre froide, par rapport aux déplacements de population provoqués par les conflits d’Angola jusqu’en 2002, de l’Afrique des Grands Lacs dans les années 1990, de la Mano River (Liberia-Sierra Leone) entre 1990 et 2004, par comparaison on ne peut pas du tout parler de crise ni de catastrophe humanitaire. Il est intéressant de voir que les mots, comme les chiffres annoncés de victimes, ici les personnes déplacées par le conflit, grimpent plus vite que la réalité… Là, dans le cas des personnes fuyant la Libye, on ne constate pas de famine, les réfugiés pour l’instant au moins ne sont pas massivement bloqués puisque des évacuations ont lieu, même si c’est au compte-gouttes. Ils sont nombreux mais cela n’a rien à voir avec certaines expériences humanitaires dans les régions que je viens de mentionner, où l’on trouve des dizaines et des dizaines de camps de réfugiés ou de déplacés internes atteignant voire dépassant les 100.000 résidents, et c’est encore le cas au Kenya, au Soudan ou en Afghanistan. La question cruciale est celle de la durée. Au-delà de quelques semaines, si on ne correspond pas à cette solidarité qui se manifeste sur place, la situation peut basculer d’une phase de secours, actuelle, à une installation durable, à une organisation lourde et durable de traitement de victimes comme problème en soi, humanitaire, avec les situations d’encampement qui accompagnent un peu partout ce traitement à part, et finalement la mise en place d’une forme de gouvernement humanitaire des indésirables, difficile à enrayer parce que cela fait un peu partie déjà des manières de faire de la communauté internationale comme je l’ai montré à partir de plusieurs cas africains. 

Est-ce que cela ressemble au schéma classique d'intervention en cas de déplacements massifs de population?

La spécificité de l’intervention actuelle est d’être contrôlée par les autorités locales administratives, sanitaires et politiques. C’est très important car cela empêche la grosse machinerie de l’ingérence humanitaire, comme cela a été le cas à Haïti, après le séisme, où ont débarqué plus de 10.000 militaires suivis par des bataillons d’humanitaires. On évite le syndrome haïtien, on évite l’invasion militaro-humanitaire, alors qu’au cours des deux dernières décennies, la tendance a été à la mise en place progressive de ce gouvernement humanitaire imposant sa puissance au-dessus de la souveraineté des États. Cette fois-ci, on est dans un cas de figure très différent, qui pourrait ressembler à la manière dont un pays émergent comme l’Inde a géré les conséquences du tsunami: refus d’une aide internationale imposée et envahissante, mais acceptation de soutiens ponctuels en fonction de demandes précises. On va voir si les pays occidentaux et les organisations internationales vont être capables de dialoguer avec les autorités locales et régionales, sans chercher à prendre le dessus, sans chercher à les dominer. Il est intéressant de penser qu’il peut y avoir de la reconnaissance politique à cette occasion, une reconnaissance qui serait un bénéfice pour le mouvement humanitaire aussi puisque le moment actuel, celui du secours, est bien celui où se met à l’épreuve la légitimité de ces organisations, la justification de leurs budgets, de leur capacité d’accomplir cette solidarité déléguée qu’on leur attribue. 

Plutôt que de se montrer dominants, les Européens apparaissent surtout en retrait aujourd'hui...

On observe effectivement un sérieux retard à l’allumage de l’Union européenne et des États membres qui ont échoué à parler d’une seule voix. Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy ont donné le la en commençant par agiter la menace de l’invasion, afin de justifier leur politique migratoire sécuritaire. L’intervention télévisée du chef de l’État français du 27 février est à cet égard saisissante. Il déploie sa rhétorique de la peur, mâtinée d’un petit surplus humanitaire en annonçant l’envoi de deux avions français, une annonce d’ailleurs qui ne correspondait à aucune demande et qui a fait que les avions en question ont disparu dans un flou d’informations contradictoires les jours suivants. Son discours apparaît complètement déconnecté de ce qui se passe. Il refuse de reconnaître l’importance politique de ce qui se joue dans le monde arabe. Il refuse de reconnaître ses interlocuteurs du Maghreb comme des sujets politiques. Ce sont au mieux des victimes, au pire des agresseurs, à l’origine de flux migratoires supposés incontrôlables. L’Espagnol José Luis Rodriguez Zapatero est l’un des seuls dirigeants européens à avoir pris la mesure de l’événement. À la différence de Nicolas Sarkozy, il ne s’est pas montré alarmiste sur les questions d’immigration et il est apparu solidaire, en étant le premier à se rendre en Tunisie pour saluer la nouvelle donne politique. 

Pour l'instant, les départs depuis les côtes tunisiennes vers l'Union européenne sont rares. À qui profite la polémique sur les chiffres?

Ce genre de situation est toujours le théâtre de batailles de chiffres. Les organisations onusiennes, intergouvernementales ou associatives, comme le HCR, l’OMI et le CICR sont en général tentées de surjouer le drame pour obtenir des financements des États. Pourtant, dans le cas présent, ils sont dépassés par le crescendo qu’on a vu en Europe jusqu’à 1,5 million de réfugiés prêts à traverser la Méditerranée. Cela sous couvert de l’agence européenne de surveillance des frontières Frontex, car c’est l’occasion pour cette structure technocratique de montrer qu’elle est indispensable et de se renforcer encore dans la configuration actuelle. Des responsables politiques comme Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ont besoin de ces extrapolations pour alimenter leur rhétorique de la peur. Mais la réalité, il faut le rappeler, est tout autre. Les mouvements que nous observons sont principalement orientés Sud-Sud. En cas de conflits, les réfugiés se dirigent en priorité vers les pays voisins. Vu la géographie des guerres, ce sont toujours les États les plus pauvres qui accueillent le plus grand nombre de personnes déplacées. Ce qui plaide pour une plus grande hospitalité des États du Nord, et notamment européen. 

Sources : http://www.mediapart.fr/journal/international/040311/aide-aux-refugies-ne-peut-pas-parler-de-crise-ni-de-catastrophe-humanit?page_article=2

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