17 mars 2009
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CAMBODGE • Le procès khmer rouge entaché de corruption | ||
Un système de pots-de-vin prévaudrait au sein du tribunal chargé de juger les hauts responsables khmers rouges. La crédibilité de la juridiction mise sur pied sous l'égide de l'ONU pourrait en pâtir. Son fonctionnement aussi. | ||
Le Phnom Penh Post a été éconduit par les représentants des autorités cambodgiennes qu'il a contactées. Il a en revanche recueilli le témoignage d'un employé du tribunal parlant sous couvert de l'anonymat par crainte de représailles. "Au cours des quatre premiers mois [de mon contrat], j'ai reversé 70 % [de mon salaire en pots-de-vin] ; c'est descendu ensuite à 10 %. Disons que vous êtes un des supérieurs. Vous avez 30 subordonnés qui, chacun, vous remet son enveloppe que vous transmettez à votre tour à Sean Visoth", détaille cet employé, faisant référence au numéro un cambodgien de l'administration du tribunal mis en cause par l'enquête du Bundestag. Sean Visoth est en congé depuis novembre et il est impossible d'en savoir davantage sur sa date de retour. D'aucuns, à l'image d'Andrew Ianuzzi, avocat de Nuon Chea, le bras droit présumé de Pol Pot, déplore l'omerta qui prévaut également au sein des rangs onusiens. "Cela porte atteinte à la crédibilité du tribunal. Pourquoi des fonctionnaires internationaux protègent-ils des officiels cambodgiens ?" s'interroge l'avocat, dont l'équipe a déposé une plainte le 9 janvier auprès de la cour municipale de Phnom Penh pour qu'elle examine ces allégations de corruption. Une plainte classée sans suite moins d'un mois plus tard. Le 22 février, à l'issue d'une rencontre avec le vice-Premier ministre cambodgien Sok An, Peter Taksoe-Jensen, assistant de Ban Ki-moon, a parlé d' "avancées" sur ce dossier, rapporte quant à lui Ka-set, un site d'information trilingue sur le pays. Sans solution rapide, c'est le fonctionnement de l'ensemble du tribunal qui serait menacé. Le Programme des Nations unies pour le développement, par lequel transitent les fonds octroyés pour le tribunal, a en effet gelé tout financement depuis le milieu de l'an dernier. La partie cambodgienne de la juridiction pourrait ainsi se retrouver à court de fonds dès le 1er mars. | ||
François Gerles | ||