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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 14:14
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C'est à nouveau la crise en Côte d'Ivoire où le président sortant, Laurent Gbagbo, ne veut pas accepter sa défaite, a déployé l'armée aux frontières et fait pression sur la cour constitutionnelle pour faire annuler des résultats qui placent largement en tête son adversaire Alassane Ouattara. Selon la commission électorale indépendante, qui s'est décidée jeudi après-midi, malgré les très fortes tensions, à rendre publics les résultats du second tour de l'élection présidentielle, Alassane Ouattara, ex-premier ministre, a remporté le scrutin avec 54,10% des suffrages, contre 45,9% pour le chef de l'Etat.

 

 

Dans la foulée, le président de la Cour constitutionnelle, Paul Yao N'dré, un proche de Laurent Gbagbo, affirmait à la télévision publique que ces résultats n'étaient pas valables: le délai légal de trois jours étant passé, la commission électorale n'était «plus à même de décider quoi que ce soit», a-t-il affirmé. La Cour constitutionnelle – seule habilitée à proclamer les résultats définitifs, dans un délai de sept jours – doit désormais statuer sur les requêtes pour «donner les résultats définitifs du second tour» dans «les heures qui suivent», a-t-il insisté.

 

Cette argumentation juridique masque mal la volonté de passer en force de Laurent Gbagbo, largement battu dans les urnes lors d'un scrutin que validait, lundi, le représentant des Nations unies. La communauté internationale hésite désormais alors que le pays est coupé en deux. A Abidjan, les autorités ont ordonné «la suspension sans délai» de la diffusion des chaînes de télévision d'information étrangères, dont France-24 et la radio RFI. Des incidents faisant plusieurs blessés ont été signalés à Abidjan dans la soirée.

Explications avec Antoine Glaser, l'un des meilleurs spécialistes de l'Afrique, et qui a été jusqu'en septembre directeur de la Lettre du continent.

Quelle est la stratégie de Laurent Gbagbo?

Dans la foulée du second tour, des partisans de Gabgbo ont d'abord empêché la proclamation, mercredi, des résultats, avant de dénoncer le déroulement du scrutin dans plusieurs localités du Nord. Ils ont demandé à ce que l'on invalide les élections. C'est la méthode Gbagbo: puisque les résultats de la commission électorale indépendante lui sont défavorables, on bloque, immédiatement.

Il faut bien comprendre que Laurent Gbagbo s'est toujours maintenu au pouvoir de manière légale. C'est au titre de l'article 48 de la constitution, qui lui donne des pouvoirs exceptionnels, qu'il a pu faire un «mandat cadeau», comme on dit à Abidjan, de 2005 à 2010. Et s'il est allé aux élections, c'est que la Côte d'Ivoire a une dette très importante, et que Gbagbo a besoin de la communauté internationale pour faire annuler cette dette. C'est d'ailleurs le seul levier de la communauté internationale: la dette ivoirienne.

 

En août, Gbagbo a changé les membres de la cour constitutionnelle. Il a placé à sa tête l'un de ses hommes, Paul Yao N'Dré, et d'autres durs du régime. La cour a déménagé à Cocody (l'un des quartiers très chics d'Abidjan, ndlr), protégée par des paramilitaires. Dans le même temps, Gbagbo met la pression sur la Commission électorale indépendante.

 

Gbagbo est le vrai politique du pays. Sa stratégie consiste à penser que ses adversaires n'oseront pas faire descendre les gens dans la rue pour contester ces blocages, comme lui l'a déjà fait par le passé (en 2000, ndlr). En comparaison de Gabgbo, Ouattara et Bédié ne sont pas des combattants. Il va essayer d'imposer, soit un nouveau deuxième tour, soit une négociation.

 

Peut-on échapper à un embrasement à Abidjan?

 

 

 

Je ne crois pas à un embrasement total. Il peut y avoir des violences politiques ici ou là. Il y a déjà eu des morts à Abidjan depuis dimanche. Mais la politique ivoirienne est très hypocrite. Tous ces hommes ont été alliés à un moment, ennemis à un autre. Il ne faut pas oublier que Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara faisaient un temps partie du même front républicain, et s'étaient alors montrés bien contents d'écarter Henri Konan Bédié du pouvoir, le même Bédié qui est devenu l'allié de Ouattara pour le second tour...

 

 

Dans ce contexte, d'ailleurs, le président du Burkina voisin, Blaise Compaoré, est un allié objectif de Gbagbo. Il n'a pas envie que les trois à quatre millions de Burkinabès quittent le nord de la Côte d'Ivoire pour revenir au pays, en cas de nouvelles violences.

 

Comment interprétez-vous les résultats du premier tour?

La population ivoirienne est fatiguée. Il y a une vraie volonté de changement. Laurent Gbagbo n'a pas suffisamment travaillé l'électorat baoulé (l'ethnie majoritaire, dont est originaire Henri Konan Bédié – Gbagbo, lui, est un Bété, ndlr). La Côte d'Ivoire a voté sur une base politico-ethnique, même si les gens sur place disent que ce n'est pas le cas. Il y a trois hommes dans un bateau, qui ont chacun obtenu, en gros, 30% des votes. Les Baoulé ont voté comme un seul homme pour Bédié. Alassane Ouattara, l'homme du Nord, a profité du nombre croissant de Burkinabè installés dans le nord du pays, qui ont obtenu la nationalité ivoirienne. Si Gbagbo est arrivé en tête, c'est en fait qu'il a davantage mobilisé les jeunes et les urbains.

 

Comment expliquez-vous le silence du premier ministre Guillaume Soro depuis dimanche, l'homme qui a finalement réussi à organiser ces élections après cinq ans d'impasse?

 

Ce sont des affaires ivoiro-ivoiriennes. Soro a un ennemi au sein du gouvernement, le ministre de l'intérieur Désiré Tagro. Ces derniers temps, Soro était plutôt dans la roue de Laurent Gbabgo, pour préparer le coup suivant, et viser l'élection présidentielle d'après.

 

Originaire du Nord, Soro devait notamment prendre en charge la démilitarisation de cette région du pays. Mais beaucoup de chefs rebelles et de «com-zones» (les puissants commandants de zone, qui se partagent le Nord, ndlr) n'ont pas été désarmés. Ce qui fait que du jour au lendemain, la Côte d'Ivoire pourrait tout à fait retomber dans le schéma d'un pays coupé en deux, entre le Nord et le Sud.

 

Qui était le candidat des Français?

 

 

 

La France a joué le tiercé dans l'ordre et le désordre. Sous la présidence de Jacques Chirac, la France appuyait Henri Konan Bédié, parce que c'était la continuité. Chirac était encore dans la nostalgie de la période d'Houphouët-Boigny. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, il est vrai que Ouattara prend l'apéritif à l'Elysée. C'est une réalité. Et Ouattara est bien vu par les milieux économiques, parce qu'il a cette image d'homme du FMI (il fut nommé directeur général adjoint du FMI en 1994, ndlr). L'Elysée a publié mercredi un communiqué, exigeant la publication des résultats du second tour avant mercredi soir. C'est vraiment mal connaître Gbagbo: ce n'est pas un communiqué qui va le faire bouger... Il est le patron. Il s'est déjà payé Chirac. Il se paie Sarkozy.

 

 

Mais il ne faut pas oublier la schizophrénie de Laurent Gbagbo, extrêmement «intelligente»: c'est l'homme qui dit non à la France sur le plan de la politique intérieure, mais qui préserve dans le même temps les intérêts français. Ceux de Bouygues et de Bolloré en particulier. Bouygues a récemment reconduit d'importants contrats d'eau et d'électricité. Quant à Bolloré, il a obtenu l'extension du port d'Abidjan, alors qu'il s'était fait bloquer par Dubaï l'accès au port de Dakar. C'est une forme de revanche, pour lui, puisqu'il va essayer de développer le port d'Abidjan pour concurrencer Dakar. On peut donc dire qu'il n'y a pas d'enjeu, pour les grands groupes français sur place. Ils se sont accommodés à la présidence Gbagbo, et ne sont pas contre l'arrivée de Ouattara.

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commentaires

L
<br /> <br /> ce qui se passe en ce moment n est autre que barbaries de la part de deux belgerants identiques comme deux gouttes  d eau . je vois des pilleurs des personnes bizares sales je le dit ce sont<br /> des rebelles et ceux ci ont attaque la population ils violent tirs tuent pourquoi .que ce soit allassane ou gbagbo ils ne sont pas bien pour nous ,dc ca m enerve kon dise ke cest la faute de<br /> gbagbo car allassane avec sa nationnalite douteuse et ses projets douteux[brader les richesses de la cote divoire ]n est pas mieux aujourdhui c est lui ki tue .<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> C'est quoi des "personnes bizares" ?<br /> <br /> <br /> Et la "Nationalité douteuse" ? ? ? <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> A+JLA<br /> <br /> <br /> <br />

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