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8 août 2010 7 08 /08 /août /2010 16:04
 

 

Michel Germaneau a été exécuté. Il est mort dans un pays qui n’était pas le sien. Si loin de la fraîcheur que l’on peut trouver sur un banc, à Marcoussis. Le vent du désert a coupé l’homme dans une rafale. Et le monde a continué de tourner, sans lui.

Je ne connaissais pas Michel. Pas plus que les deux journalistes prisonniers en Afghanistan. Et pourtant, une sensation puissante bouillonne sous mon épiderme. Quand la destinée brandit sa férule,  en temps normal on se replie. On le fait presque tous. De manière atavique, nous regagnons nos tanières où des pénates ancestraux nous offrent confort et protection. Pourtant, si l’on regarde en arrière, on aperçoit des hommes qui nous crient de ne pas les laisser… Mais ils restent plantés là, comme dans ces cauchemars durant lesquels nous sommes dans l’impossibilité d’aligner un pas devant l’autre. Comme Michel, qui s’est enfoncé dans la dune,  semblable aux grands navires qui se sont hissés dans le ciel nocturne avant de sombrer en silence dans les profondeurs d’un océan glacé. Pour lui au moins, la tombe sera plus chaude.

 

Nos existences ne sont pas futiles. Mais éphémères. Juste le temps d’écrire son nom sur le sable, entre deux tempêtes.

 

La sensation qui me pousse à écrire ce texte, je la ressens à chaque fois que l’on me parle d’un homme perdu. Celui qui essaye de rentrer chez lui sans y parvenir, telle est l’antique tragédie. Et apparemment,  dame Némésis occupe encore une place importante sur l’Olympe.

 

Quant à toi, Michel, je t’observe sans pouvoir te parler. Tu es là, assis sur la barque de Charon, qui sans un mot, te conduit vers l’autre rive en voguant silencieusement sur les sombres eaux du Styx.

 

Et si tu revenais ? Qu’en dis-tu ? Essaie de marchander ! Après tout, ton obscur batelier aime bien quand on lui tend la pièce. File-lui une thune de plus pour qu’il fasse demi-tour ! Tu ne serais pas le premier à revenir des Enfers !

 

Ce serait vraiment chouette. Je te vois déjà gambader dans la campagne, empruntant les vertes allées, goûtant la verdure de nos prairies et te délectant du nectar olfactif que déversent les roses sur nos étés.

 

Il faudrait que tu reviennes. Pour dire aux gens toute la richesse qui les environne et que l’on regrette quand on se perd au loin. Tu pourrais leur dire toi, que la rose des sables possède autant d’épines que celles de chez nous. Que les fous sont partout les mêmes. Tous guidés par des idées et des convictions meurtrières. Des affirmations, des revendications, des allégations incessantes qu’ils assènent au monde entier. Des cons qui croient détenir une quelconque vérité, mais qui ne parviennent à rien d’autre qu’à nous emmerder continuellement. Si tu revenais ils la fermeraient peut-être, tu ne crois pas ? Non ? Ils feraient de toi un envoyé de Dieu et s’habilleraient en apôtres ! C’est bien possible…

 

Mais tu glisses doucement sur ce fleuve aussi noir que du pétrole. Et déjà, je te perds de vue. Pour moi, un ami de passage qui s’en va. Pour toi, un ultime voyage.

 

Le monde tourne toujours. L’air s’est rafraîchi tout à coup.

 

Je vais quand même aller faire un tour. Peut-être même à Marcoussis. Et puis j’irai m’asseoir sur un banc. En face de la mairie, près du grand arbre.

 

Tu en as sûrement rêvé.

 

Malheureusement, il n’y aura que moi sur ce banc. Ainsi qu’une place vide, avec un peu de sable répandu…

           Alors, je me demanderai à quels bancs songent en ce moment Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier.

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