En conclusion d'un volume dont la richesse est à la mesure de la sophistication de l'enquête menée, Pierre Lascoumes reprend trois hypothèses désormais étayées par cette recherche. Premièrement, il existe une fragilité éthique de la fonction politique, qui « semble facilement sujette aux débordements. Le rôle politique (apparaissant) comme étant à double face : d'un côté il est cadré par un ensemble de règles et de devoirs, souvent idéalisés ; mais d'un autre, il donne aisément lieu à des débordements, aussi bien sous l'influence de l'hubris (de démesure) que de pressions économiques ou idéologiques. ». Deuxièmement, c'est l'ambivalence de cette « perception simultanée en noir et blanc de la fonction politique qui explique en grande partie le degré parfois élevé de tolérance à l'égard des débordements de rôle des élus ». Et Lascoumes ajoute : « C'est surtout la large diffusion de la représentation de la fonction, du “métier” politique, comme d'une activité à risque, potentiellement corruptrice, qui explique la tolérance aux débordements. » Troisièmement, «cette vision en partie désenchantée de la politique ne conduit pas à une généralisation négative».
Où l'on se rend compte que face à la corruption politique les citoyens ordinaires, fermes sur les principes dans leurs déclarations faites aux sondeurs mais plus réalistes dans leurs appréhensions de situations concrètes, se font en quelque sorte souvent plus sociologues que tous les entrepreneurs de morale qui, préférant regarder toujours le monde tel qu'il devrait être, s'avèrent incapables de le saisir tel qu'il est.
Sources : http://www.mediapart.fr/journal/france/271210/pourquoi-la-corruption-ne-gene-pas-les-electeurs